UN LAC ARTIFICIEL PEU GRACIEUX
Entre les massifs du Hohneck au Nord et du Rothenbachkopf, sur le versant vosgien de la ligne de crête principale des Hautes-Vosges, se trouvent pas moins de quatre anciens cirques glaciaires, abritant chacun d'entre eux, soit des lacs ou soit des tourbières humides et acides. L'altitude de ces quatre cuvettes glaciaires s'établit aux alentours des mille mètres, une barre symbolique pour le proche secteur de La Bresse (88).
Du Nord au Sud, on distingue, dans l'ordre de passage :
- la prairie marécageuse et tourbeuse du Chitelet (alt. ~ 1100 m).
- le lac artificiel (ancienne tourbière), de la Lande (alt. 1058 m).
- le lac et le radeau-tourbière de Blanchemer (alt. 984 m).
- la tourbière lacustre protégée de Machais (alt. 981 m).
En ce qui concerne le lac-barrage de la Lande, je dois mettre l'accent sur une histoire naturaliste qui a fait grincer les dents de beaucoup d'habitants locaux et également, de randonneurs passionnés, pros-nature. À l'époque, les soi-disant naturalistes vosgiens voulaient mettre en place dans ce prestigieux massif, ce que l'on appelle une réserve biologique intégrale, où toute intervention humaine serait formellement proscrite.
Deux sites étaient ainsi en lice, afin d'instaurer cette fameuse zone réglementée, mise sous couvercle protecteur, en qualité de Natura 2000. L'arrêté préfectoral de protection du biotope prévoyait au choix, de mettre à la disposition des naturalistes, soit le site de la Lande, ou soit, le site de Machais. La préfecture vosgienne avait au départ, proposé la site de la Lande, afin de mettre en place ladite réserve biologique ...
Mécontents de cette proposition, car le site n'étant soi-disant pas assez séduisant à l'oeil, les naturalistes préféraient le site de Machais. Pendant ce temps, la préfecture avait décidé d'installer un barrage sur le site de Machais, en asséchant la tourbière lacustre existante. Colère des naturalistes oblige, la préfecture a dû capituler et s'est ainsi jetée, sur le site de la Lande, beaucoup moins séduisant que celui de Machais ...
La suite, on la connaît bien. L'actuel lac de la Lande, crée de toute pièce par la construction d'un gigantesque et ô combien horrible barrage de béton ( ! ), présente un intérêt de visite extrêmement limité, d'autant plus que l'ancienne tourbière qui s'y trouvait a été intégralement inondée sous des tonnes d'eau, au détriment de sa richesse floristique et que plusieurs pistes de ski alpin viennent désormais lécher l'extrémité orientale du lac ...
Débilité humaine par excellence, les sites de la Lande et de Machais ont tous les deux, vécu un passé excessivement mouvementé, totalement inadmissible à mes yeux de randonneur passionné et aguerri. De nos jours, il n'est même plus possible de venir découvrir la sublissime tourbière lacustre de Machais : l'endroit est devenu une véritable prison, un espace naturel et sauvage mis sous cloche, par d'ignobles instances gouvernementales et environnementales, qui s'y permettent tout et n'importe quoi. On ne compte plus les pénétrations soi-disant officielles, de carottage, de sondage, ou encore, d'études plus ou moins utiles et scientifiques. Et dire que ces pénétrations à but théoriquement scientifiques, causent comme les pénétrations particulières de certains randonneurs, leurs lots de dérangements et de dégradations, de piétinement et de destruction botaniques !
Il a été tout récemment prouvé, que lorsqu'une tourbière active, riche en droséras carnivores, n'est plus du tout piétinée et entre guillemets aérée, la végétation spécifique qui y a élue domicile finit par s'amoindrir et par disparaître, en étouffant au milieu des sphaignes, des laîches des marais, ou encore, des callunes vulgaires et des brimbelles. La tourbière de Machais par exemple, victime injuste d'une réglementation dictatoriale, se referme toujours davantage, année après année. Les linaigrettes et les droséras, si remarquables dans ce milieu humide et acide, deviennent de plus en plus rares, faute d'aération pédestre suffisante. Désormais, afin de pouvoir contempler dignement l'incroyable richesse botanique de ces milieux, les randonneurs pros-nature et passionnés seront condamnés à se rendre au lac de Blanchemer, qui lui, possède un fabuleux radeau-tourbière flottant !
CELUI-CI FERA L'OBJET D'UNE VISITE FUTURE !